De l'encre à la plume
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 Smile...(Deathfic)

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Naokii
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Naokii

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MessageSujet: Smile...(Deathfic)   Smile...(Deathfic) Icon_minitimeVen 14 Fév - 9:26

Une petite histoire pour ce jour si particulier avec un petit peu (mais vraiment un tout petit peu) de romance !
Allez, enjoy!
Smile...

Quand les ténèbres et la glace rencontrent la lumière et le feu
Minuit sonna dans la ville de Londres. Une ombre furtive sortit par la fenêtre d’un manoir de lord et s’enfonça en courant dans la pénombre de la nuit. Elle s’arrêta lorsqu’elle arriva près de Big Ben, sur le lieu de son rendez-vous nocturne. Elle jeta un coup d’œil vers le chemin qu’elle avait pris pour arriver jusqu’ici. Des cristaux noirs mêlés à des stalagmites de glace s’étaient formés sur son passage. Son pouvoir était devenu bien trop puissant pour qu’elle puisse le contrôler dans sa totalité. Ce pouvoir était la source de tous ses malheurs, l’origine de son éternelle souffrance. Tout enfant déjà, elle rêvait de s’en débarrasser. Mais c’était impossible, hélas. Des pas résonnèrent dans le silence de cette nuit de Février, la sortant de ses pensées. Elle se tourna vers le nouvel arrivant.

- Félicitations, déclara-t-il, le sourire que tu as creusé sur les joues de cet infâme comte est magnifiquement hideux. Tu as fait un excellent travail.
- Je n’ai fait qu’accomplir la mission que tu m’avais donnée, Jefferson, répondit-elle.

Le visage du dénommé Jefferson s’étira en un large sourire. Il lui tendit une main gantée qu’elle saisit sans se poser de question.

- Rentrons au Q.G. pendant que tu accomplissais ta mission, nous, on accueillait un nouvel arrivant. Lui aussi est spécial, il renferme un pouvoir, tout comme toi.

La jeune fille ne répondit pas, indifférente aux propos du brun qui se tenait à ses côtés. Les deux jeunes gens s’enfoncèrent dans la nuit sombre et froide en direction de leur quartier général.

Le quartier général était un manoir immense situé à cinq kilomètres de Londres. La plupart des pièces de la demeure étaient éclairées lorsque Jefferson et la jeune fille arrivèrent. Le jeune homme ouvrit la porte dans un geste théâtral comme il avait l’habitude de faire lorsqu’il rentrait au Q.G. La jeune fille derrière lui soupira de dépit et entra dans le manoir sans manière. Elle se dirigea vers la salle de bal du rez-de-chaussée qu’ils avaient aménagée pour en faire une salle de réunion.  Sa démarche était lente et souple, presque féline. De la glace et des cristaux noirs se formaient à chacun de ses pas, malgré les bottes de cuir qu’elle portait. Elle fit face à une épaisse porte en bois qu’elle ouvrit de ses deux mains gantées. De la glace apparut dès qu’elle toucha les poignées de fer forgé.

- Laisse-moi faire avant que tu ne gèles la totalité de cette porte.

Jefferson se tenait derrière elle en souriant tendrement.

- Et enlève ton masque. C’est toujours dérangeant de parler à un visage de cuivre plutôt que de chair.
- Pour terroriser le nouveau en lui montrant à quel point mon pouvoir ma défigurée ? Merci, mais non merci.

Jefferson soupira et ouvrit la porte, toujours avec ses manières exagérées. Il entra dans la salle, suivi de près par la jeune fille.

À l’intérieur, un jeune homme aux cheveux auburn et aux yeux bleus comme les profondeurs de l’océan les attendait. Jefferson le saisit par les épaules et le fit pivoter vers la jeune fille.

- Leto, déclara-t-il, je te présente ma jeune sœur, Oxymore. Oxymore, retire ton masque pour qu’il…
- Non, coupa-t-elle.

Le regard de Jefferson devint orageux.

- Oxy’, ma chérie, ne me fait pas me répéter. Et puis, tu n’es pas sans savoir que couper la parole est très impoli.

Son ton s’était fait menaçant. Dans un soupir, Oxymore retira lentement son masque. Sa chevelure violette vint encadrer un visage pâle et recouvert d’une fine couche de glace à de nombreux endroits. Quant à ses yeux, ils étaient d’un bleu tellement clair qu’ils semblaient presque aveugles. Leto fut frappé par l’aura de tristesse infinie qui émanait d’elle. Son visage était fermé, crispé, comme si elle n’avait jamais esquissé un seul sourire. En fait, la figure de la jeune fille ne trahissait aucune émotion, comme si elle ne ressentait rien. Leto songea que c’était tout aussi dérangeant que le masque de cuivre qu’elle portait il y a quelques minutes de cela.  Jefferson tapa des mains pour ramener l’attention des deux autres sur lui. Il avait horreur de passer inaperçu ne serait-ce que quelques secondes.

- Bien, fit-il, comme tu peux le deviner, Leto, Oxymore aussi possède un pouvoir. Celui des ténèbres et de la glace.
- J’avais en effet remarqué qu’elle possédait un don. Cela paraît assez évident lorsqu’on la voit sans son masque.
- Et c’est la même chose sur le reste de son corps, tu sais. Mais même en passant derrière elle on devine qu’elle n’est pas normale.

Un claquement de porte et un bruit de glace qui se brise interrompit la discussion des deux hommes qui sursautèrent de concert. Oxymore venait de leur fausser compagnie. Jefferson haussa les épaules, indifférent, et entama une nouvelle discussion.

Oxymore était furieuse. Comment son frère avait-il pu l’humilier de la sorte ? Lorsqu’elle arriva dans sa chambre, elle s’effondra contre la porte et ôta ses gants avec rage. Elle posa ses mains sur le sol gelé et forma des ronces de glaces autour d’elle. Sa chambre était envahie par les ténèbres te la glace. Tous ses murs étaient noircis et gelés, son lit était entouré de ronces et de roses toutes plus noires les unes que les autres. Une larme coula le long de la joue de la jeune fille et se cristallisa avant de se briser dans un bruit cristallin sur le sol. Son pouvoir n’était pas un don comme le prétendait Leto, mais une malédiction dont elle ne pouvait se débarrasser et qu’elle était incapable de contrôler. À cause de cette chose qui sommeillait en elle, Oxymore n’avait plus que son frère aîné. Et encore, pensa-t-elle, ce n’était pas par amour qu’il était toujours présent à ses côtés. Elle le savait, et cela lui faisait mal. Atrocement mal. Des coups à la porte la firent sortir de ses sombres pensées mais elle ne bougea pas. Elle ne voulait voir personne.

- Je peux entrer ? demanda une voix qu’elle identifia comme étant celle de Leto.
- Non.

Un soupir se fit entendre de l’autre côté de la porte. Celle-ci s’ouvrit violemment, projetant Oxymore au milieu de sa chambre. Les ronces de glaces qu’elle avait créées se brisèrent avec fracas. Leto accourut vers la jeune fille, inquiet.

- Excuse-moi ! s’exclama-t-il. Je ne pensais pas que tu te trouvais juste derrière la porte !

Il voulut l’aider à se relever mais elle le repoussa en créant une barrière de cristaux noirs. Oxymore lança une œillade assassine au jeune homme. Ce dernier soupira et fit fondre le mur d’un claquement de doigts.

- Désolé de te décevoir, souffla-t-il, mais je contrôle le feu et la lumière. Tu ne peux donc rien contre moi.

À peine eut-il fini sa phrase que Leto reçut une boule de neige au milieu du front. Il ne réagit pas. Il savait que cette attaque n’était pas réellement offensive mais qu’Oxymore avait besoin d’évacuer sa colère en utilisant ce pouvoir trop puissant. Il était donc prêt à recevoir toute sorte d’attaque de la part de la jeune fille sans riposter. Mais elle ne tenta rien d’autre. La fille de glace et de ténèbres se leva et alla s’asseoir sur le rebord de sa fenêtre pensive et troublée. Elle dessina dans la glace qui se trouvait sur la vitre avant de se tourner vers le jeune homme. Son regard était perdu dans le vague.

- Comment fais-tu ? murmura-t-elle. Comme arrives-tu à le maîtriser ?
- Je l’ai accepté, c’est tout.

Oxymore sursauta.

- Comment le pourrais-je ? À cause de lui, la seule personne qui ne m’a pas abandonnée, c’est Jefferson. Et il le fait plus par intérêt qu’autre chose.
- Ton frère t’aime.
- Non.

Le ton d’Oxymore s’était fait tranchant. Tranchant et empreint d’une immense tristesse. Leto comprit que la jeune fille n’avait jamais reçu aucune marque d’affection et que, pour cela, elle haïssait son don. Elle avait beau avoir Jefferson à ses côtés, elle était terriblement seule. Et cette solitude la faisait souffrir. Il se rapprocha d’elle.

- Bienvenue, souffla-t-elle, bienvenue à Neverland, l’organisation qui taille des sourires sur les visages des Lords que la police recherche.
- Je vous remercie, Milady, c’est trop d’honneur, fit-il en imitant le ton impérieux que prenaient les nobles.

Le regard d’Oxymore devient presque rieur, ce qui provoque l’étonnement du garçon de feu.

- Mon frère t’a-t-il attribué une chambre ?
- Non, il m’a dit que tu le ferais. Mais il est déjà tard et tu reviens de mission. Ne t’occupe pas de moi et va te coucher, je me débrouillerai.
- Très bien, c’est comme tu veux.

Leto sortit de la chambre et Oxymore claqua la porte derrière lui. La jeune fille s’effondra sur son lit en soupirant. Elle était fatiguée, mais elle savait qu’elle ne s’endormirait pas avant un certain temps. Leto était un garçon étrange. Il l’avait acceptée sans poser de question. Peut-être qu’avec le temps ils deviendraient amis, qui sait ? Il était le premier, si elle ne comptait ni son frère ni ses victimes, à lui adresser la parole et cela lui faisait plaisir. Elle porta une main à sa poitrine glacée. Son cœur ne battait presque plus et Oxymore savait qu’il ne lui restait pas plus de cinq ou six ans à vivre. Après, son corps deviendrait une statue de glace figée dans le temps. Elle ferma les yeux en pensant à sa dernière victime. Ce comte était trempé dans le proxénétisme, trompait sa femme et frappait ses enfants. C’était une ordure de première catégorie. Oxymore se souvenait encore des cris de porcs qu’avait poussés l’homme lorsqu’elle lui avait creusé un sourire sanguinolent sur ses joues. Elle en avait d’ailleurs tiré une certaine satisfaction. Une satisfaction malsaine. Elle soupira et sombra dans un sommeil rythmé de chimères et de cauchemars.

Lorsque Leto arriva, encore mal réveillé, dans la salle de réunion le lendemain matin, Oxymore et Jefferson étaient déjà présents. Le frère et la sœur ne s’adressaient pas la parole, ne se regardaient même pas. Le brun sirotait un thé sur le canapé tandis que la jeune fille était assise sur le rebord de la fenêtre et contemplait le paysage hivernal. Après plusieurs minutes, Jefferson leva la tête vers le nouvel arrivant, un grand sourire se dessina sur ses lèvres.

- Leto ! Bonjour ! Bien dormi ?
- Bonjour, Jefferson. Oui, merci. Bonjour, Oxymore.

La jeune fille ne daigna pas tourner la tête vers le jeune homme, ni même répondre. Au lei de cela, elle se leva et sortit de la pièce en claquant la porte derrière elle.

- Ne fais pas attention à elle, dit Jefferson, cette mauvaise humeur est constante chez elle. Tu t’y habitueras.

Leto acquiesça, perplexe. Il avait, certes, déjà était témoin du mauvais caractère de la jeune fille, mais là, elle paraissait réellement furieuse. Il soupira ; cette fille était pour lui une énigme ambulante.

Une semaine s’était écoulée depuis l’arrivée de Leto. Une semaine qu’Oxymore n’était plus totalement seule. Une semaine qu’elle était presque heureuse de partir en mission avec le nouveau. Les autres membres de Neverland étaient ravis qu’Oxymore sorte ainsi en compagnie de Leto, au moins ils n’avaient pas à faire équipe avec elle. Mais, à cet instant-là, tous les arguments du monde n’auraient pu calmer la jeune fille. Oxymore n’en revenait pas. Ce que lui avait demandé son frère la mettait hors d’elle. Comment pouvait-elle trahir l’un de ses frères d’arme ? Qui plus est, le seul qui lui avait adressé spontanément la parole ? Non, elle ne pouvait décemment pas. Pour une fois, elle n’allait pas accomplir la totalité des ordres qui lui avait donnés Jefferson. La jeune fille ne voulait pas commettre un acte qu’elle ne serait pas capable d’assumer. Et puis il venait d’arriver et elle ne voyait pas l’intérêt de le sacrifier alors qu’il possédait un pouvoir immense. La glace et les cristaux, qui se formaient derrière elle, encombraient le passage dans le couloir, glaçaient les vitres et bloquaient les portes. Elle perdait le contrôle, elle le savait. Mais elle n’en avait cure. Sa colère était telle, qu’elle prenait le dessus sur sa raison et ses autres sentiments. Des pas pressés se firent entendre derrière elle, mais elle les ignora.

- Oxymore !

C’était Leto. La jeune fille ne s’arrêta pas. A contrario, elle accéléra. Sortir, voilà ce dont elle avait besoin. Aller dans la forêt pour faire évacuer cette fureur et ce trop-plein de puissance. Une main douce et chaleureuse lui saisit son bras recouvert de glace. Elle se stoppa soudainement. Non, décidément, elle ne pouvait l’obliger à se sacrifier pour servir l’intérêt de Neverland. Elle fut parcourue d’un frisson délicat lorsque le jeune homme glissa sa main le long de son bras pour lui prendre la sienne. Jamais personne ne lui avait ainsi tenu la main de peur d’être gelé sur place.

- Lâche-moi, murmura-t-elle, je ne veux pas te blesser.

Il rit.

- Tu oublies que je contrôle le feu, Oxymore. Tu ne me feras pas de mal. C’est plutôt moi qui suis une menace pour toi.
Il lui lâcha la main, se plaça devant elle et, d’un doigt, releva son visage constellé de glace. Le regard de la jeune femme trahissait une profonde confusion. Elle semblait soumise à un dilemme, un ultimatum. D’un geste brusque, elle retira la main chaude de Leto et l’emprisonna dans un enclot de glace et de cristal noir avant de continuer son chemin. Oxymore était désorientée. Et  effrayée. Jamais personne ne lui avait un jour parlé ainsi, aussi tendrement. Pas même Jefferson. Leto était-il sincère dans sa façon d’agir ou était-ce une affection feinte, calculée, comme celle que lui portait son frère ? La jeune fille allait entrer dans sa chambre lorsqu’une barrière de feu s’interposa entre elle et la porte de bois. Le feu. Elle s’écarta violemment avec un hurlement de terreur pure. Dans la précipitation, Oxymore se cogna brutalement contre la poignée d’une porte voisine et s’effondra, inconsciente.

- Maman ? Papa ?

Une fillette aux cheveux violets pleurait, seule au milieu des flammes. Où étaient-ils tous passés ? Pourquoi personne ne lui répondait ? Un garçon brun apparut devant elle, pleurant, lui aussi.

- Jefferson ? murmura-t-elle.
- Je suis désolé, Oxymore. Papa et maman ne sont plus…


Oxymore se réveilla dans un sursaut, le visage dégoulinant de sueur. Pourquoi s’était-elle souvenue de son passé ? Pourquoi maintenant, alors qu’elle s’était efforcée durant toutes ses années d’oublier ce cauchemar dans lequel elle avait perdu ses parents ? La jeune fille observa ce qui l’entourait. Elle se trouvait dans sa chambre, allongée sur son lit. Seule. Elle étouffa un sanglot. Cette solitude allait la tuer. Elle porta une main à sa poitrine figée. Plus que quelques années à vivre ainsi, dans cet isolement, et elle serait libre. Morte mais libre. La plus belle des morts, songea-t-elle. Oxymore se leva et s’assit près de la fenêtre, pensive. Elle avait du mal à se l’avouer, mais elle aurait aimé que Leto reste à son chevet jusqu’à son réveil. Mais il ne fallait pas rêver. La jeune fille se doutait bien que le jeune homme ne lui adressait la parole que par politesse. Elle soupira. Vivement dans cinq ans, pensa-t-elle. Une larme se cristallisa au coin de son œil. Une autre alla s’écraser sur le sol. Puis deux. Dehors, tout semblait paisible. Les flocons de neige légers venaient se poser délicatement sur le rebord de sa fenêtre. Oxymore aurait aimé n’être qu’un flocon de neige éphémère. Au moins, elle n’aurait pas connu la solitude. Et puis, quitte à être de glace, autant être quelque chose de beau, de raffiné. Et non pas une jeune fille défigurée par un pouvoir trop puissant. Son souffle forma un rond gelé sur sa fenêtre. Si son pouvoir ne la tuait pas, sa solitude le ferait. Un bruit de porte la fit sursauter. Elle se retourna, prête à dire au nouvel arrivant de sortir immédiatement. La chaleur qui l’enveloppa soudainement la fit changer d’avis. Leto se tenait face à elle et usait de son pouvoir pour l’apaiser. Oxymore réprima l’envie de se jeter dans les bras du jeune homme. Ce dernier s’approcha d’elle et chassa d’un geste de la main le cristal de glace qui s’était formé au coin de l’œil de la jeune fille.

- Tu as pleuré, sourit-il, tes larmes ont gelé.
- Et alors ?

Le ton d’Oxymore était dénué de tout sentiment, ce qui perturba Leto. Elle paraissait épuisée, vidée de son énergie. Le jeune homme était inquiet. Lorsqu’il avait voulu la stopper avec une légère barrière de feu, Oxymore avait hurlé de terreur. Il se doutait que ce n’était pas uniquement parce que le feu était son point faible. Il la dévisagea. La jeune fille était effroyablement pâle et son regard trahissait son inquiétude, sa peur et sa tristesse. Elle se détourna et regarda par la fenêtre.

- Va-t’en.

Le ton qu’Oxymore avait adopté s’était fait dur et autoritaire.

- Je suis venu voir comment tu allais. Vu la chute que tu as faite…
- Non. Je ne parle pas de ça. Va-t’en. Fuis Neverland. Pars sans jamais te retourner et oublie tout ce que tu as vécu au sein de cette guilde.
- Pourquoi ?
- Fais-moi confiance.
-  Dis-moi au moins pourquoi.
- Pourquoi quoi ? fit une voix masculine.

Leto et Oxymore sursautèrent de concert. Jefferson se trouvait dans l’embrasure de la porte, jouant avec une montre à gousset. Le regard de la jeune fille s’assombrit et devint orageux. Leto déglutit difficilement. Le nouvel arrivant s’approcha des deux jeunes gens, un rictus sournois déformant sa bouche.

- Alors, insista-t-il, pourquoi quoi ? Leto, mon grand, sois gentil et dis-moi tout.

Oxymore s’interposa entre les deux hommes, furieuse.

- Alors, rien, cracha-t-elle. Rien du tout. Leto, ne lui réponds pas et fais ce que je t’ai dit. Il n’a pas à savoir.

Jefferson fronça les sourcils et, de colère, asséna une gifle magistrale à sa jeune sœur. Celle-ci fut projetée contre le mur. Sa tête heurta violemment la façade et la jeune femme s’écroula, trop sonnée pour se relever sans aide. Jefferson reporta son attention sur Leto, resté silencieux jusqu’à présent. Alors que le jeune homme allait venir en aide à Oxymore, l’autre s’interposa.

- Laisse-la. Au moins, nous pouvons discuter tranquillement sans être dérangés par cette créature.
- Que veux-tu ?

Le ton de Leto était chargé d’une assurance feinte.

- Qu’est-ce que ma sœur t’a dit ? Elle se comporte différemment avec toi. Cela fait seulement une poignée de jours que tu es là, et tu chamboules déjà tous mes plans. Que lui as-tu fait pour qu’elle te donne si facilement sa confiance ? Je suis son frère et elle se méfie de moi comme si j’étais un envoyé du diable.

Leto n’en revenait pas des propos de Jefferson. Il chamboulait ses plans ? Mais quels plans ? Oxymore lui avait donné sa confiance ? C’était ridicule. La jeune fille se méfiait de lui comme de la peste. Même pendant leurs missions, lorsqu’ils creusaient des sourires, elle restait sur ses gardes. Comment Jefferson pouvait-il dire ça ? Que savait-il de plus que lui ? Leto regarda le corps inerte d’Oxymore et réprima l’envie de se précipiter vers elle pour s’assurer de son état. Il lança une œillade assassine au brun.

- Peut-être qu’elle se méfie de toi parce que tu la traites comme une moins que rien. Un frère n’a pas à maltraiter sa sœur. Il doit la protéger, la chérir. Toi, tu la fais souffrir. Oxymore n’a pas tort quand elle dit que tu restes près d’elle uniquement par intérêt.

Jefferson se jeta sur Leto, furieux. Le premier coup fut donné par le brun. Les deux jeunes hommes se battaient, se frappaient avec violence, mais Leto ne faisait en aucun cas appel à son pouvoir. Il avait la lèvre fendu en deux, un hématome et saignait du nez. Jefferson n’était pas beau à voir non plus, avec son arcade sourcilière ouverte et son œil au beurre noir. Oxymore les observait se battre, impuissante, quand la porte de sa chambre s’ouvrit violemment.

- Jefferson ! hurla l’homme qui venait d’arriver. Nous sommes attaqués ! La police nous a retrouvés ! Oublie ce garçon et vient nous aider ! Oxymore, Leto ! Vous aussi !

Les deux hommes s’arrêtèrent. Jefferson sortit précipitamment de la pièce, et Leto accourut vers Oxymore, qui ne parvenait toujours pas à se lever. Le jeune homme lui saisit délicatement les deux bras et la redressa avec douceur, s’assurant que la jeune fille pouvait tenir debout. Sans un mot, les deux acolytes sortirent en courant de la chambre.

Le hall d’entrée était une véritable scène de crime. Des membres de Neverland étaient éventrés, égorgés, ou bien traversés par des balles et baignaient dans le sang. Sur cinquante membres, plus de la moitié étaient morts. Jefferson était fou. Incontrôlable. Furieux. Il se jetait sur les policiers de Scotland Yard avec hargne. Oxymore sut que c’était la fin de Neverland, même si certains d’entre eux s’en sortaient. Finalement, elle était presque soulagée que les autorités les eussent trouvés. Mais ce soulagement fut de bien courte durée. Un des hommes de Scotland Yard attrapa Leto par les cheveux avec un rire sadique. Oxymore voulut lui venir en aide mais un policier la saisit par la taille. Un corps tomba sous ses yeux. Un corps éventré, égorgé, meurtri. Celui de Jefferson. Son frère était mort. L’espace d’un instant, Oxymore vit rouge. Mais elle fut ramenée à la réalité par le rire de l’homme qui maîtrisait Leto.

- Vous allait connaître la sensation d’avoir un visage défiguré par un sourire taillé dans la chair ! ricana-t-il.

Oxymore hurla tandis que l’homme planta son couteau dans la joue de Leto. La jeune fille vit l’arme blanche traverser les joues de son ami laissant derrière elle un sillon sanguinolent. Il hurlait de douleur. Une fois son visage défiguré, Leto fut jeté par terre comme une vulgaire poupée de chiffon. Oxymore assomma son agresseur et se précipita vers lui. Elle le prit dans ses bras et se mit à le bercer doucement en pleurant.

- Oxymore, souffla-t-il, le visage tordu de douleur. Oxymore, calme-toi. Ce n’est rien. Tout va bien.
- Non ! Tout ne va pas bien ! Au contraire ! Jefferson est mort, tu es souffrant… Rien ne va !

Il passa une main délicate sur le visage gelé de son amie.

- Je t’aime, murmura-t-il.

Les mots du jeune homme bouleversèrent la jeune fille. Elle déposa un baiser tendre sur les lèvres blessées de celui qu’elle aimait et se leva. Elle fit face aux hommes de Scotland Yard, les larmes dégoulinant sur ses joues et se mêlant au sang de son ami. Elle savait ce qu’elle devait faire, même si elle devait en mourir. Ces hommes allaient payer. Pour Neverland. Pour Jefferson. Pour Leto. Le prix à payer était la mort. Rien de moins. Son pouvoir émanait de chacun de ses pores. Elle savait quand le libérant entièrement, elle mourrait. Mais c’était le prix à payer pour obtenir sa vengeance. D’un geste, elle plongea le hall d’entrée dans les ténèbres. D’un claquement de doigts, elle emprisonna les policiers dans la glace. D’un regard, elle leur trancha la tête. Fini. Terminé. Ils étaient morts. Ils avaient payé. Elle aussi. Elle tomba, inconsciente. Leto accourut vers elle et observa, impuissant, la glace recouvrir chaque parcelle de son corps.

- Moi aussi, dit-elle dans un sourire.

Ce fut l’unique sourire que Leto vu sur le visage d’Oxymore. Un sourire éternel, figé dans le temps. À peine eut-elle prononcé ses deux petits mots qu’Oxymore se transforma en une statue de glace. Une magnifique statue de glace. La plus belle de toutes.

Sept ans plus tard
Un jeune homme aux cheveux auburn et au visage masqué par un foulard sortit d’un manoir par une fenêtre. C’était le dernier sourire qu’il taillerait, sa vengeance était accomplie. Il avait puni les traîtres qui avaient déserté Neverland et qui les avaient dénoncés sept ans auparavant. Il avait puni ceux qui avaient causé la mort de celle qu’il aimait. L’homme retira son foulard, dévoilant un sourire identique à ceux qu’il avait creusé, et s’enfonça dans la pénombre de cette nuit de Février.

Fin
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Lukameg
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Ana Lei
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